Rentrée des classes : l’éternelle rengaine

Bon gré mal gré, une nouvelle année scolaire s’ouvre ce lundi 5 septembre sur toute l’étendue du territoire national selon l’expression consacrée. Toute ? Rien n’est moins sûr ! Des milliers d’élèves sont jetés sur les routes, dans la suite de leurs parents condamnés à une perpétuelle errance dans des zones de non-droit, laissées à la merci d’une myriade de groupes rebelles et des armées étrangères.
Les élèves de Rutshuru, de Mwenga, Djugu et tout récemment ceux du territoire de Kwamouth ne regagneront sans doute pas de sitôt leurs écoles ordinairement délabrées dont la plupart ont été incendiées ou carrément rasées. Ailleurs, dans les parties du Congo profond où des écoles en rameaux de palmiers recoivent des écoliers aux pieds nus assis à même le sol, le sort n’est guère enviable.
Leurs enseignants démotivés, (ces «nouvelles unités») impayés depuis des lustres, n’ont pas le cœur à l’ouvrage. Les vacances se prolongeront encore sous la forme d’une grève qui laisse de marbre les autorités de l’enseignement primaire, secondaire et technique. Comme le dirait l’IGF Alingete, ces bleds sont tellement éloignés de Kinshasa !
En définitive, les années se suivent et se ressemblent. Dans les parties du «pays normal», la rengaine traditionnelle à la veille de la rentrée scolaire reste de rigueur : les syndicats d’enseignants brandissent la menace d’une grève illimitée; les parents invoquent l’insuffisance de ressources financières qui garantissent une rentrée sereine et les vendeurs de fournitures scolaires se plaignent de l’absence de clients…
Tout ce folklore dissimule en réalité les véritables maux et enjeux qui plombent l’enseignement national. Le secteur souffre d’une carence de réformes. Les programmes scolaires sont ceux hérités du colonisateur et partant, inadaptés aux besoins de développement de la RdCongo. A l’inverse, les écoles privées agréées en marge de la législation, s’en donnent à cœur joie et saignent à blanc des parents, pratiquant des programmes tape à l’œil en parfaite inadéquation avec les impératifs culturels de leurs apprenants.
Nonobstant les hauts et les bas de la gratuité de l’enseignement de base, le débat reste intangible : le rapport qualité/niveau de l’enseignement public porté par l’émiettement de l’Education nationale en une kyrielle de ministères aux fins de satisfaire les appétits gloutons des amis et alliés nivelant par le bas les ambitions d’une génération de jeunes perdue à l’avance.

Econews