Environnement et développement durable : lancement à Kinshasa du Programme de gestion durable des forêts

La VPM Eve Bazaïba, avec à sa droite Bavon N’Sa Mputu, coordonnateur du FONAREDD

La salle Panorama du Fleuve Congo Hôtel a servi de cadre, le lundi 5 décembre 2022, au lancement officiel du Programme de gestion durable des forêts (PGDF). La cérémonie a été rehaussée de la présence de Mme la vice-Première ministre, ministre de l’Environnement et Développement durable, Eve Bazaïba Masudi. C’était aussi l’occasion pour le tout nouveau secrétaire exécutif, Bavon N’sa Mputu Elima, de décrire à l’attention de l’assistance le défi que s’est imposée cette structure technique, transversale entre le ministère de l’Environnement et celui des Finances, dans la mobilisation touchant à la préservation de l’immense biodiversité de la République Démocratique du Congo.
Près de 150 personnes émanant des représentations diplomatiques, les institutions multilatérales, régionales et nationales, les acteurs de la filière forêt-bois, les instituts de formation, les ONG nationales et internationales, ainsi que les organisations de la société civile impliquées ou ayant un intérêt dans la mise en œuvre du PGDF ont pris part au lancement officiel du Programme de Gestion Durable des Forêts (PGDF). Cette activité a eu pour cadre, la salle Panorama de Fleuve Congo Hôtel, dans la commune de la Gombe à Kinshasa.
Dans son mot de circonstance, Mme Eve Bazaïba a félicité les différents acteurs pour leur implication dans la réussite de cette activité qui a coïncidé heureusement avec la journée nationale de l’arbre.
«Le PGDF, ensemble des méthodes de gestion, vise à maintenir la diversité biologique des ressources forestières, leur productivité, leur faculté de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire de manière pérenne les fonctions économiques, écologiques et sociales pertinentes, sans causer de préjudice à d’autres écosystèmes», a dit la Vice-première Ministre en charge de l’Environnement et développement durable. Avant de souligner que « les forêts de la RDC couvrent une superficiee stimée à 155 millions d’hectares, représentant 65% du territoire national et 10% des forêts tropicales du monde. C’est le deuxième complexe de forêts tropicales du monde avec d’énormes ressources en biodiversité. Elle joue un rôle primordial en termes de services éco systémiques, de stockage de carbone et de régulation du climat », a-t-elle déclaré.
Dans le même ordre d’idées, avec environ 140.000 m2 des tourbières, les forêts de la RDC ont la capacité de séquestrer l’équivalent d’environ trois ans d’émissions de carbone de toute la planète, ce qui représente 30 milliards de tonne de carbone, soit 15 ans de pollution mondiale. C’est une vraie fierté pour la RDC dans ce sens que le pays ne va plus dans les négociations climatiques en termes de forêts avec arbres debout mais maintenant avec ce sol humide que nous appelons la tourbe.
Le potentiel écosy-stémique de la RDC relance les débats sur la gestion durable deses forêts qui demeurent sur une pente raide, favorisée par les besoins du pays enmatière de développement.
Paradoxalement, la contribution de cette importante ressource au développement économique de notre pays reste mitigée avec environ 0,6% de contribution au Produit Intérieur Brut (PIB). La production forestière est dominée par 94% du secteur informel et illégal.
Bien plus, cette importante ressource naturelle est aujourd’hui menacée de déforestation et de dégradation, les principaux moteurs identifiés sont : l’agriculture itinérante sur brûlis, l’exploitation artisanale et anarchique du bois d’œuvre et du bois de chauffe, l’exploitation minière, les feux de brousse, etc. A ces fléaux s’ajoutent certaines causes indirectes qui sont en réalité les éléments déclencheurs des menaces qui induisent la déforestation et la dégradation desforêts. Il s’agit, a-t-elle dit, d’une gouvernance insuffisante dans la gestion des ressources, des conflits armés et des difficultés économiques conduisant au chômage et à la pauvreté d’une grande masse de la population.
Soucieux d’éradiquer ces menaces en vue de permettre au biome forestier de fournir sans faille les services environnementaux déjà mentionnés ci-haut, et qui sont indispensables pour la RDC et l’humanité tout entière, le Programme de Gestion Durable des Forêts a été conclu avec les partenaires pour jouer le rôle d’appui au ministère de l’Environnement et Développement Durable en vue d’une part, de mettre en place des outils de gestion et d’autre part, de renforcer les capacités institutionnelles et de toutes les autres parties prenantes avec pour finalité d’aboutir à la stabilisation du couvert forestier, lequel constitue un élément important dans la promotion d’une économie verte.

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Que vise le PDGF ?
Le PDGF vise la mobilisation de la finance climatique pour le développement durabledes pays ciblés, à travers la mise en place du Fonds National REDD+ (FONAREDD) destiné, entre autres, à la mise en œuvre du Plan d’investissement REDD+ dont celui de la RDC.
Eu égard à ce qui précède, le PGDF seprésente comme un outil d’amélioration de la gouvernance de la gestion forestière. Pour concrétiser ce paradigme, qui va confirmer le positionnement de la RDC en tantque «Pays-Solution» à la crise climatique.
Le succès du PGDF, soutient Eve Bazaiba viendra donc conforter le leadership climatique de la RDC sous l’impulsion du Président Felix Antoine TSHISEKEDI. La stabilisation du couvert forestier va permettre à la RDC d’honorer sesengagements pris, qui consistent de rehausser le niveau des ambitions climatiquespour limiter la moyenne en dessous de 1.5°C. Et donc, nous fondons nos espoirs sur l’accomplissement heureux du PGDF.
Auparavant, le secrétaire exécutif de FONAREDD, Bavon N’sa Mputu Elima, avait rappelé les différentes étapes ayant conduit au financement de ce programme par les différents partenaires dont l’Initiative pour les Forêts d’Afrique (CAFI) pour une durée de quatre ans le financement à hauteur de 12 millions de dollars américains alloués à la RD Congo à travers le FONAREDD» et auxquels s’ajoutent 4 millions d’Euros provenant de l’Agence Française de Développement «AFD».
Ce programme, a-t-il indiqué, vient non seulement appuyer le ministère de l’Environnement et du Développement durable à réaliser les jalons «Forêts» de la Lettre d’Intention signée avec CAFI, mais répond d’abord et avant tout à une préoccupation nationale importante : celle de la bonne gouvernance forestière, pour assurer pleinement cette position stratégique du «Pays Solution». Il a également reconnu que le contexte politique également, la parafiscalité et la compétition du secteur informel ne permettent pas une contribution significative du secteur formel du bois à l’économie nationale. Toutefois, une amélioration significative de la gouvernance – aux échelles nationales, provinciales et locales – est indispensable pour que la valorisation actuelle des ressources forestières se fasse dans des conditions de durabilité visées par la Stratégie Nationale REDD+.
Ont pris également la parole à cet atelier, l’ambassadeur de France en RDC, la représentante de l’AFD en RDC, Mme Saphia Ibrahim, et M. Ipalaka, le coordonnateur du Programme, ainsi que le représentant du CAFI.
Godefroid N. (CP)