Le bel optimisme de Denis Kadima !

A l’instar de tous ses prédécesseurs à la direction de la centrale électorale en République démocratique du Congo, Denis Kadima semble avoir l’optimisme chevillé au corps.
Excepté Corneille Nangaa qui s’est illustré par un glissement de deux ans du calendrier électoral, passant l’échéance de 2016 à un aboutissement tout aussi précipité en décembre 2018 sous la menace américaine portée à l’époque par la sous-secrétaire d’Etat Nikki Haley, feu l’abbé Malumalu et le pasteur Ngoy Mulunda ont laissé leurs marques respectives dans l’organisation des scrutins en temps et en heure, en dépit des cahots d’un processus émaillé de violences.
En fixant la date des élections générales dans la deuxième quinzaine de décembre 2023 et l’investiture du président élu en janvier 2024, Denis Kadima et la CENI n’ont pas réinventé la roue. C’est dans l’ordre constitutionnel des choses. Ou plutôt si. Le calendrier publié prévoit à la même date les élections provinciales, urbaines et locales. Une gageure sur laquelle ont buté les cycles électoraux antérieurs, entraînant leur annulation pure et simple. Avec la funeste conséquence qu’aucun édile dans les villes et les entités territoriales décentralisées n’est revêtu d’un mandat électif.
Il est tout à l’honneur de Denis Kadima de rêver d’une CENI «de standard mondial qui imprime une culture démocratique pérenne en RDC ». Comment ne pas applaudir quand il proclame que le «glissement» ne fait pas partie du vocabulaire de son institution ! Mais le seul discours ne suffit pas à débarrasser la CENI de son « image écornée » par, selon ses dires, par les administrations précédentes de la centrale électorale. Tant les défis qui l’attendent sont de taille. D’abord, l’éternelle question du financement du processus électoral, entièrement dépendant du bon vouloir du ministre des Finances et, c’est une nouveauté, de l’Inspection générale des finances. L’insécurité dans les Kivu, l’Ituri et le Maïn-dombene rendra pas aisé l’enrôlement des électeurs. Enfin, le défi logistique ne connaît pas encore un début de solution. Au moment où le gouvernement est en froid avec la MONUSCO, sommée de hâter la mise en œuvre de son calendrier de retrait, il n’est pas certain que la mission onusienne prête ses aéronefs pour le transport du matériel électoral.
Pendant ce temps, les oppositions qui lui contestent sa légitimité et l’accusent de rouler pour le pouvoir UDPS ne sont pas disposées à lui garantir des élections crédibles, transparentes mais surtout, apaisées.

Econews